EMI*
« C’est un fou, un maboule ! »
S’exclame au bas, la foule
Affolée.
Non, c’est un funambule
Qui sur son fil, déambule.
De la tour A, jusqu’à la tour B,
Dansant, pour ne pas tomber ;
Dansant, pour ne pas sombrer
Et dans ce gouffre, succomber.
Un souffle de vent, bousculant,
L’enverrait aussitôt, basculant !
« Mais non, pourquoi m’encorder ?
Oui, oui je compte bien m’attarder ! »
De l’aveu même de ses assistants,
Ce n’est qu’un inconscient …
Qui peut chuter à tout instant !
Sans hésiter, lui s’élance pourtant
Dans sa bulle d’espace-temps
Prenant garde à l’équilibre
Et à sa peur, d’être si libre,
Il poursuit, fier et digne.
Sans dévier de la ligne,
Sans demander un centime,
Se jouant seul de l’abîme.
Mètre après mètre, progresse.
S’il ne tombe à la renverse
Et s’en retourne en sens inverse :
« Ah quel exploit ! Quelle prouesse ! »
Mais lui s’en fout, fait abstraction.
Il n’a même qu’une obsession :
Profiter de cette attraction
Et parvenir à destination,
Pour répondre à une question
Que chaque homme doit se poser :
Qu’y-a-t-il donc de l’autre côté ?
à Philippe Petit, le grand funambule *
