Les âmes froissées
Déroulons la,
Cette boule de papier jetée avec dédain
Dans la corbeille du Grand Écrivain.
Mâchée entre ses deux mains,
Mâchoires du destin ;
Découvrons la,
Elle qui portait bien haut la brillance
Immaculée de la page blanche,
N’être plus qu’une ombre.
Insignifiante et sombre.
Froissée par la vie et
Sur elle-même, recroquevillée.
Un mille feuilles de pensées oubliées,
Ne demandant qu’à se redresser et jaillir
À nouveau, car le temps est venu de l’ouvrir,
Ce galimatias de maux,
Cet amalgame encore chaud,
Qui fait de nous, des p’tits hommes gris.
Petits vieux, aigris avant l’heure,
Tout rabougris.
Il n’est jamais trop tard !
Et si l’on prend le temps
De remplir cette besogne ;
De déplier avec soin
Cet improbable parchemin
Que nous sommes ;
Alors on y découvre
Aux quatre coins,
Des mots et des symboles,
Des bribes de phrases …
Des morceaux du chemin,
Des portions du destin
Et du grand dessin
Qu’avait dressé pour nous
Le plan divin.